Réinventer l’école – Enquête auprès des enfants réfugiés au Liban

Pour témoigner de la situation des enfants syriens réfugiés au Liban – 500 000 enfants en âge d’être scolarisé – l’Organisation Internationale de la Francophonie a souhaité publier l’ouvrage Réinventer l’École en coédition avec Ici&Là – Reportages Poétiques, fruit d’une enquête auprès des enfants réfugiés au Liban menée en décembre 2017. Cet ouvrage est le résultat de trois regards différents – Marion Coudert, écrivaine du réel, Yamen Manaï, écrivain lauréat 2017 du Prix des Cinq Continents de la Francophonie, et Nicolas Tarek Camoisson, photographe et fin connaisseur du Proche-Orient – et prend le contrepied de l’image souvent dégradante et altérée dont pâtissent les migrants et les réfugiés.

 

Peu importe qui je suis, ce que je suis, ce que nous sommes.
Au regard de ce qu’ils traversent tous, chacun d’entre eux, peu importe ce que nous sommes.
Eux, si nombreux, si fragiles, si démunis.

Peut-être un lien cependant, la terre bleue et blanche de Syrie, cet amour écorché par les rages depuis trop d’années déjà. Et la terre de miel et de jasmin du Liban, cet autre amour que le présent ne console de rien.

– Marion Coudert, extrait du livre

Pour rendre hommage à cette école qui m’aura tout donné, j’ai accepté de prendre part avec enthousiasme au projet Réinventer l’école que m’a proposé l’OIF. Me voilà au Liban, visitant des écoles créées par des ONG qui tentent d’offrir aux enfants de réfugiés un autre destin que celui auquel ils semblent condamnés.
…
Une petite rouquine nous fixe avec un sourire immense comme la lune. Elle nous fait un coucou de la main en penchant la tête sur le côté. Deux couettes essayent de contenir en vain sa chevelure carotte sous laquelle s’agite un intense bonheur de vivre, clair et perceptible. Elle est prête et partante, à ses yeux tout est fête ! Plus tard, dans la classe, on la revoit. Elle regarde tout et toue le monde avec une joie qui l’occupe toute entière, et lui fait oublier ce que vient de dire sa maîtresse, tant elle est heureuse.

– Yamen Manaï, extrait du livre